de nos blessures un royaume

Roman de Gaëlle Josse aux Editions Buchet Chastel

 J’ai été happée par ce livre que je n’ai pas pu lâcher, de la première à la dernière page. D’une grande sensibilité, doux, poétique. C’est le parcours d’une danseuse qui, après le décès de l’homme qu’elle aimait, voyage seule en car, de la France à Zagreb, en passant par plusieurs villes d’Italie où elle garde des souvenirs avec lui. Jusqu’à l’ultime étape : déposer un livre dans le musée des relations rompues.

Ce livre qu’elle dépose, ce n’est pas le sien, mais celui qu’il lui demandait de relire, encore et encore, quand elle était à son chevet. Un seul livre, celui d’un homme qui raconte sa relation avec sa fille “différente”. Un père amoureux des jardins, qui partage avec elle sa passion du vivant : les fleurs, l’eau, les oiseaux... Leur langage est celui de l’émerveillement.

C’est juste, beau, émouvant, chargé d’amour. Le texte dit l’essentiel en peu de mots, avec une précision bouleversante dans la description des émotions et l’évocation des souvenirs.

Ce livre parle de perte, mais surtout de ce qui reste. De ce qui se transmet. Du pouvoir des mots qui accompagnent, qui sauvent, qui relient. L’écriture y est un acte d’amour, un geste de transmission, une manière de survivre à ce qu’on croyait insurmontable. Elle est là pour apaiser l’agonie, faire fleurir le souvenir, rendre la douleur vivable…  faire de nos blessures, un royaume.